Ya Minko: Réalités en développement du milieu artistique au Gabon et possibilités d’ouverture[Dossier]

Ya Minko: Réalités en développement du milieu artistique au Gabon et possibilités d’ouverture[Dossier]

Grandir dans la version de l’Afrique qui existe au Gabon, dépendamment des cercles, implique de grandir dans un milieu artistique influencé par un constant désir, ou besoin, d’ouverture à l’international. Nos consommations Hip-Hop, Pop, Afro Pop, musicales ou autres, sont (à l’instar des échanges commerciaux dans d’autres domaines) majoritairement importées. Que ce phénomène soit une conséquence des limites de notre capacité de production (manque de structures permettant la manifestation, l’épanouissement et le maintien de créations artistiques financièrement et culturellement), ou un moyen d’échapper aux limites douloureuses des environnements dans lesquels nous grandissons, il existe une dualité dans l’expression et la consommation de l’art, dont l’équilibre est souvent dominé par des éléments extérieurs à nos milieux immédiats. 

Cette observation n’exclut pas l’existence des nombreuses créations culturellement pertinentes de ceux de nos artistes dont l’intention première est de préserver la culture et les éléments de nos traditions qui leurs sont chers, et qui devraient être des priorités pour nous tous. Il est quoi qu’il en soit important pour nous d’identifier, observer et analyser ce déséquilibre pour en extraire les solutions et potentiels avantages par soucis de préservation, de croissance et d’auto-suffisance artistique et commerciale. 

L’origine de ce déséquilibre est un mélange entre les crises identitaires post-indépendance dont beaucoup de pays Africains subissent jusqu’à aujourd’hui les conséquences, et l’incontournable efficacité des réseaux de distributions internationaux pour lesquels le Gabon et l’Afrique ne sont souvent que des étapes commerciales. 

A quoi ressemble donc notre future de manière optimiste? Pour moi, il ressemble exactement à la richesse créative que nous pouvons constater en ce moment venant des artistes et labels indépendants qui se battent pour construire des structures locales, à la hauteur d’un marché international avec lequel ils ont décidé de ne plus interagir en spectateur. 

Ces artistes, et structures artistiques, ont une compréhension des différents processus de création (de l’écriture, à la complétion), de distribution, et de promotion qui s’intègre brillamment dans la Renaissance Africaine au milieu de laquelle ils existent tous. 

Ils existent du collège, à l’université, en passant par les professionnels de différents milieux. Ils sont hommes et femmes, de tous âges, habiles dans leurs rôles de producteurs, écrivains, compositeurs, managers, producteurs exécutifs, directeurs artistiques, photographes, bloggeurs, vidéographes, directeurs, ingénieurs sons, interprètes, éditeurs, performers, rappeurs, chanteurs, DJ, organisateurs d’événement, chargés de promotion, créateurs d’image de marques, stylistes, assistants, experts en relation publiques & réseaux sociaux, conseillers, assistants, entrepreneurs créatifs, communicateurs et visionnaires en tout genre.

Peu importe leur point d’observation, leur zone d’opération et l’échelle de leur activité, ils construisent indépendamment une réalité dont les prochaines générations pourront profiter, réduisant l’écart entre leurs rêves de réussite et la manifestation de ces rêves dans notre réalité commune un projet à la fois. 

Avec les années, le processus d’importation culturel continu qui dans son creuset aurait pu effacer notre culture et l’authenticité de notre identité a permis la création de milieux artistiques hybrides aux influences et contenus variés, dont le potentiel d’exportation et de commercialisation est plus élevé chaque année d’une génération à l’autre.

Je crois en l’établissement d’un système connectant l’ensemble de nos structure, et garantissant leur survie au delà de nos efforts personnels. Pour ce faire, je crois aussi que nous devons nous entre-aider, nous célébrer, nous écouter, échanger, nous rapprocher et nous rappeler les un des autres. 

Que nous soyons artistes ou spectateurs, nous sommes les témoins privilégiés d’une culture qui se définit de plus en plus par sa capacité à porter efficacement plusieurs chapeaux, tout en nourrissant dans son cœur une soif d’expression de ses origines et de son identité en croissance exponentielle

Prenant en compte ce contexte, il est important pour nous de réaliser sa dimension historique que nous soyons en développement dans la diaspora, ou au contact des réalités locales dans nos pays respectifs, pour moi le Gabon. Il est important pour chaque camp, label, artiste indépendant, et entrepreneur créatif de réaliser que nous avons ici l’opportunité de créer une industrie et un réseau qui nous permettra non seulement de nous exprimer puissamment à toute échelle, mais aussi d’être rémunérés à la hauteur de nos attentes, pour nos efforts. Je dis “nous”, parce que la complétion de ce processus n’existe que dans notre compréhension profonde du besoin urgent pour nous de travailler ensemble de toutes les manières possibles. 

Un système qui se construit tire sa richesse de la collaboration continue entre ses éléments les plus efficacement actifs. Il est donc nécessaire pour nous, au-delà de nos désirs de succès, de gloire et d’indépendance artistique, d’agir en fonction des réels besoin des environnement dans lesquels nous verrons nos succès se créer sur les prochaines années. 

Nous travaillons tous dur, et les résultats se voient de plus en plus. Pour garantir que nous ne travaillons pas pour rien, et garantir la protection et la croissance continue de nos résultats, nous devons nous rappeler de travailler ensemble et d’apprendre les un des autres pour minimiser les pertes, et éviter d’avoir à reprendre le processus à zéro d’une génération à l’autre. 

Je suis optimiste vis à vis du future de notre industrie et de nos différents milieux, peu importe nos choix artistiques et nos orientations sociale. Je suis reconnaissant, et humblement impressionné par tous les créateurs Gabonais et Africains qui par leurs efforts, leurs concepts et leurs accomplissement m’inspirent à travailler plus dur et me montre l’existence de nouvelles possibilités à toutes échelles. 

Je crois en l’établissement d’un système connectant l’ensemble de nos structure, et garantissant leur survie au delà de nos efforts personnels. Pour ce faire, je crois aussi que nous devons nous entre-aider, nous célébrer, nous écouter, échanger, nous rapprocher et nous rappeler les un des autresNous avons ici l’opportunité de créer une meilleure réalité commune et d’offrir aux prochaines générations une approche différente par nos attitudes et l’évolution de nos modes d’actions collectifs. 

Il y a beaucoup à faire, et encore plus à apprendre, et les deux fonctionnent mieux lorsqu’on les fait efficacement en groupe. Essayons donc. 

Pour moi quoi… Ya Minko.

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